A la fin du mois de juin, Getty Images communiquait sur son partenariat avec Flickr pour la création d’une nouvelle collection constituée d’une sélection d’images de qualité, « les pépites », issues du site communautaire lire. Le discours est simple : « sur les trois milliards de photographies réalisées théoriquement par des amateurs, il y aura forcément un pourcentage d’images de qualité. En apportant son savoir faire d’iconographe et de juriste, le numéro 1 mondial des agences d’illustration pourra valoriser cette nouvelle source de création. »
Flickr a créé à son tour une nouvelle entrée dans son moteur de recherche : « La collection Getty Images » et je crois savoir qu’il est prévu que chaque abonné à Flickr puisse bientôt soumettre ses œuvres à l’agence.
Le 30 juillet, le pôle Actualité de l’agence Eyedea, dont Gamma, a été placé en redressement judiciaire pour une période de six mois.
Le 14 août, l’excellent site d’information Rue89 illustrait un article sur les sextoys (sujet d’été!) avec le crédit photographique suivant : « Diego Cupolo/Flickr ». Interrogé, l’auteur m’a précisé que la rédaction a fait une demande d’autorisation, ce qui est d’après lui, assez rare. De nombreux articles sont désormais illustrés à partir de cette source.
Le 17 août, le magazine en ligne Telerama.fr illustrait l’article « Forza La Repubblica ! » sur les frasques de Berlusconi avec une photographie signée « licence CC by-sa/Flickr/Sinistra e libertà ».
Aujourd’hui Gamma est sur la touche, les rumeurs désignent Magnum comme prochaine victime, l’agence historique serait en passe d’être diffusée par une très grande structure de diffusion en ligne…
Je m’étais permis de me demander il y a un mois, si l’initiative de Getty n’était pas tout simplement le signe d’une disparition annoncée des agences. Finalement, les médias en utilisant de plus en plus des gisements initialement décrits comme d’immenses photothèques pour amateurs ne donnent-ils pas un certain crédit à cette hypothèse?
Il s’agit d’un scénario impensable et dramatique, humainement et économiquement, mais au vu du taux de fréquentation par les iconographes de ces sites communautaires, je me demande malheureusement si le processus de démolition n’a pas atteint soudainement une vitesse supérieure.
Excellente analyse, bravo Daniel, je mets un lien sur mon blog. Où en est ton livre ?
Hervé
C’est une analyse fort juste à laquelle il faut ajouter la pression que font les groupes de presse sur les photographes. J’ai reçu il y a peu un proposition de d’un célèbre magazine vert de voyage pour utiliser une de mes images dans une campagne de publicité avec un célèbre fabricant de lunette. Quand j’ai vu la proposition de prix j’ai ri jaune: 100€ brut. Quand je leur ai demandé si ils ne s’étaient pas trompé, ils m »ont dit qu’il pensait que j’étais amateur parce que n’étant pas en agence et que de toute façon ils ne pouvaient pas faire d’autre propositions. En gros si je n’acceptais pas, j’avais rien du tout…
Les années qui viennent vont être difficiles.