La photographie est fatalement numérique. Pour autant la littérature pouvant nous fournir une information fiable sur la sauvegarde de ces fichiers reste bien modeste. Les techniques d’archivage ne sont pas connues de tous, ni des créateurs s’interrogeant sur le devenir de leur production, ni de ceux susceptibles de les récupérer en héritage. Il faut donc organiser la transmission des fichiers. Sécuriser ce qui n’est pas « lisible à l’œil nu » reste complexe. Pour les photos de vacances de la famille, le conseil facile est toujours à considérer la confection d’albums d’images sur papier comme la seule garantie pour transmettre un héritage aux générations futures.
Cependant, les techniques d’archivage ne traitent pas en elles-mêmes le grand sujet de la mémoire numérique. La sauvegarde des images est bien plus complexe et soulève des questions d’ordre psychologique et intellectuel voir moral.
Sécuriser un fonds, c’est devoir s’interroger sur :
- Le périmètre de l’espace documentaire concerné,
- Le lien entre l’image et sa légende, a minima,
- Le respect de la paternité de l’œuvre,
- La préservation d’un contenu structuré ou d’objets « libérés » promis à l’indépendance,
- Les restrictions d’accès actuelles et futures,
- Les types d’exploitation permises.
Traitons du premier point. L’archivage suppose une délimitation d’un espace documentaire, quels volumes à confier au futur? Les fichiers originaux, les sélections d’images retouchées, son jardin secret? L’album familiale contenait une sélection et non la totalité des prises de vues; ce qui était montrable à la famille.
L’alternative de la sauvegarde numérique peut nous rendre mal à l’aise car il faut sélectionner et identifier. Le refus de divulguer la totalité de nos images nous fait désigner pour la sauvegarde qu’une sélection, l’équivalent de l’album d’antan; le reste, c’est-à-dire la grande majorité de la production risque alors de ne pas être reconnue et donc sauvegardée. La réponse peut être simple si l’on décide de détruire les fichiers. Sinon il faut identifier les volumes à conserver pour ce qu’ils représentent.
Photographies pour mes amis, pour ma famille et pour moi; des images officielles, domestiques et l’intime que je n’ai pas forcément envie de voir dispersé et récupéré. Plusieurs ensembles pour lesquelles il faut statuer.
L’archivage numérique nécessite l’identification de la géométrie des fonds concernés et des publiques légataires de cet héritage; une accréditation post mortem.
Il est nécessaire d’assurer ces tâches. Faire l’impasse nous empêche d’anticiper et revient inconsciemment à laisser se détruire ce que l’on a pas hiérarchisé et identifié. Se limiter à l’aspect technique de la sauvegarde nous empêche de progresser dans l’organisation des archives du futur.
La principale faiblesse de la photographie numérique n’est pas l’absence de lisibilité directe, mais la difficulté à la fois à identifier les documents et à organiser l’intime – ou le confidentiel pour l’entreprise -. Le numérique nous tétanise.
Daniel Hennemand, v1.2
Catalogue de formations pour la gestion de photothèques, entreprises et collectivités territoriales
Mots-clefs : archivage, destruction, divulger, héritage, image, intime, jardin secret, montrer, numérique, partager, patrimoine, perte, photographie, sauvegarde, volonté