Avec Amazon*, nous entrons dans l’ère du cloud computing. Cette offre baptisée « Cloud drive“ permet d’héberger trois types de fichiers : documents, photographies et vidéos.
Le message d’accueil est à la fois représentatif de l’esprit actuel de délégation de l’archivage de nos données et savoureux car ambigu quant à l’hypothétique pérennité des documents confiés.
Le message est clair, ne vous préoccupez plus de l’archivage, nous le faisons pour vous. Mais il est ambigu aussi, ne vous préoccupez plus de leur perte…
Amazon traduit mal ou fait un lapsus : laissez faire, vos données seront peut-être perdues!
Pour l’honnête homme, l’organisation personnelle et indépendante de ses documents numériques paraît indispensable avant tout dépôt sur un site externe. Mais demain, aurons-nous encore longtemps les moyens techniques d’archiver nos propres œuvres sur nos propres machines? Aurons-nous la possibilité [le droit] ou de posséder des copies privées sur nos disques durs d’œuvres achetées [louées]?
L’offre d’hébergement dans les nuages n’est pas seulement la continuation du cycle technologique, il provoque une distanciation progressive entre l’acteur numérique et les fichiers qu’il créé et désire pérenniser. Elle éloigne encore plus le consommateur de musiques et de films et les copies qu’il croit acheter et posséder. Il sera de plus en plus difficile de conserver une visibilité de nos actifs numériques, qu’ils relèvent de notre création ou de nos achats.
La dernière livraison de la revue Poli** questionne sur le rôle de l’archive et note l’évolution de nos comportements, comment nous passons de la possession de nos archives à la gestion des accès à des bases déportées; analyse passionnante.
* Comme Apple, Google, etc.
** Poli – Politique de l’image, Les promesses de l’archive, n°6