La découverte d’un nouvel acteur de l’édition informatique et l’écoute d’un discours marketing un peu convenu m’incite à rappeler quelques fondamentaux liés à l’écosystème de la communication visuelle en entreprise. Les acheteurs ont à leur disposition des solutions de gestion d’images de plus en plus nombreuses. Soumettons l’idée que la dernière génération porte globalement les meilleures offres. Au delà de ce constat, quelles sont les chances de survit des photothèques d’entreprise en période de crise?
Pour avoir prôné dès 1999 l’adoption de services en mode locatif, Saas, ASP c’est selon, c’est un bonheur de voir se généraliser cette configuration. Nous revenons de loin si l’on peut dire. Nous sommes passé du discours formaté DSI du « Installé sur nos machines / on développe / il nous faut un cahier des charges / il faut du temps, … et un budget », à la manière de France Télévision ou de Cartier International, à son contraire, « On a pas le temps / on sous-traite la solution », puis un peu plus tard, « On sous-traite l’hébergement », comme Lancaster, Schlumberger, Pernod-Ricard, etc. Rares sont mes clients qui ont intelligemment opté directement pour une solution locative intégrale avec un esprit de communiquant professionnel et non de possesseurs de fichiers. Elf et Alstom Transport ont été de ceux-ci.
Il est fascinant de voir ces mêmes DSI se ruer aujourd’hui sur les solutions hébergées / gérées en nuages, pardon en clouds*, … les concepts évoluent.
Bref, une question peut aujourd’hui étonner, les entreprises ont-elles les moyens de financer ces solutions? Sans réaction face à la crise de notre économie, la réponse risque d’être négative.
Le bon fonctionnement d’un système de production / gestion / diffusion de photographies, de vidéos et d’éléments de publication dans l’entreprise doit passer par le respect d’un certain nombre de critères qui pour ne pas être révolutionnaires n’en sont pas moins nouveau dans une compréhension de la gestion d’éléments de communication en période de récession naissante :
- Avons-nous les moyens de produire des visuels originaux?
- Avons-nous la force politique pour convaincre les agences à confier à l’entreprise cliente des éléments qu’elles ont conçu et réalisé pour une commande (traditionnellement, c’est toujours une opération = une facturation)?
- Avons-nous le temps d’indexer et de partager pour une réutilisation? Ceci dans un esprit traditionnellement d’exhaustivité peut-être aujourd’hui risqué car chronophage.
- Pouvons-nous amortir ces opérations d’enrichissement de fonds universels?
- Enfin, les collaborateurs sont-ils mobilisables pour rechercher eux-mêmes des éléments nécessaires à leur activité : réflexion / expression d’un besoin, connexion à un libre service en réseau / exploration d’un univers documentaire / récupération d’un fichier adéquat, respect des règles juridiques : lecture obligatoire de la fiche documentaire, communication du « copyright » à l’éditeur du document?
Nous devons nous interroger sur le fonctionnement d’un système et d’un ensemble de tâches et non pas rester fascinés uniquement par le choix d’un outil. Autrement, il en sera comme pour le secteur automobile, les constructeurs savent fabriquer maintenant des engins moins polluants au rendement élevé mais l’occident nous convainc du caractère négatif de la voiture, voir inconsciemment mortifère, vieux concept du 20ème siècle qu’il nous faudrait abandonner.
Nous savons de mieux en mieux gérer l’image photographique pour la communication interne ou externe, interrogeons-nous maintenant sur les qualités de celle-ci, sur la typologie de l’utilisateur mais surtout sur les performances du système dans son ensemble dans le contexte actuel.
* N’oublions pas qu’une offre en cloud n’est pas un simple hébergement externalisé, mais la plupart du temps un concept de gestion applicative sous-traitée permettant une synchronisation répartie mais impliquant la délocalisation des données.
Daniel Hennemand, v1.1