Peignot, Frutiger, Massin ont montré que le texte peut devenir image. Le texte devient image lorsque la typographie ou la maquette infléchissent le sens des mots par leur dessin, leur couleur ou leur surface.
De grandes manchettes nous ont marqué. Certains se souviennent de la manchette de l’Intransigeant du quatre septembre 1939 « La guerre ». Historiquement, ces deux mots ont formé une image à part entière. Pour moi, « le » grand titre, c’est celui de France-Soir en novembre 1970, « De Gaulle est mort » ; les deux lignes de capitales avaient plus de poids que la grande image du vieil homme. Puis les couvertures de la presse à sensation, Détective et autres, transcription et excitation des sentiments morbides ; les illustrations nous accrochent. Je trouvais les titres plus violents que l’image, les mots semblaient saigner.
Le développement des informations publiées sous forme de courtes informations en « push » provoque un sentiment analogue, exaspération et dégoût.
Les maisons les plus honorables en publiant les brèves des agences vers nos smartphones parviennent à se faire le relais bruyant de la médiocrité traditionnelle de la presse à sensation. Vouloir faire du bruit peut se comprendre sur un plan marketing, mais il faut éventuellement apprendre à en contrôler les contenus car ici l’image reçue est nauséabonde.
Daniel Hennemand
v1.0
Mots-clefs : presse