Archive pour novembre 2008

WIZZGO interdit !

Vendredi 28 novembre 2008

Nous avons découvert il y a quelques mois un service gratuit en ligne pour faire ce que nous faisons habituellement manuellement à domicile, des copies de nos émissions télévisées préférées.
En 2008, nous avons toujours le bon vieux magnétoscope pour garder trace ou visionner ce que notre emploi du temps ne nous permet pas de voir en temps réel. Nous pouvons aussi enregistrer numériquement les émissions, via les FAI, fournisseurs d’accès à l’internet.
WIZZGO fait plus, il met à la disposition des utilisateurs du web, via une interface propriétaire gratuite, les programmes des chaînes de la TNT française, mais il le fait d’une manière fédérative : toutes les chaînes sont accessibles d’une manière simple. Vous pouvez sélectionner une ou plusieurs émissions, à concurrence de quinze heures par mois, programmer leur enregistrement et exploiter le lendemain les fichiers sur votre ordinateur.
L’analogie est vite faite, c’est un magnétoscope numérique! À ceci prêt que l’interface est proposée par un intermédiaire soupçonné de prévoir la commercialisation d’espaces publicitaires. Juridiquement, l’éclairage est différent; de la copie privée, on passe à un canal de diffusion maîtrisé et exploité commercialement. C’est là où la justice à frappé ! WIZZGO est mort!
Ce que nous voyions comme un service sympa, intelligent et pratique, est condamné, parce que les sociétés audiovisuelles ne peuvent tolérer que leur future manne leur soit enlevée alors qu’elles n’ont pas encore déployé ce type de service, du moins pas totalement. Le tout est de savoir si manne il y aura pour ce bouquet de chaînes numériques.
Diffuser un fichier, c’est malgré tout offrir un fichier. On le copiera forcément. Un boîtier décodeur d’un FAI, une prise USB et hop, la copie « privée » existe! Qui peut l’empêcher ?
L’hypocrisie a-t-elle présidé à ce jugement ? Ou bien est-ce la peur, encore une fois, d’une génération en retard ? Ce retard est normal, il faut toujours laisser passer une génération pour faire accepter une évolution forte; bon là, vingt ans, ce serait long!

Wizzgo

Image, alcool, flou et lisibilité

Vendredi 28 novembre 2008

Un reportage, hier soir sur France 2. Louable par ses attentions et réalisé avec professionnalisme, avec toutefois une constante : 80% des images étaient floutées.
Normal nous dira-t-on, avec le sujet traité, l’alcool chez les mineurs.
Résultat, le flou qui envahit de plus en plus nos écrans, par principe de précaution juridique, du respect de l’image, du droit à l’image, du droit d’être vu, filmé, mais du droit de ne pas être montré. On nous présente un ectoplasme et il faut deviner! Ambiance découverte, intrusion, avec une caméra cachée, l’effet est garanti!
En regardant les copies d’écran, je me dis que l’on est baigné dans une sorte de flou, nous aussi, spectateurs; les vapeurs d’alcool de ce sujet deviennent métaphores, la télévision, l’image est de moins en moins lisible et signifiante. L’image devient une fois encore prétexte et se vide de son sens. Qui a dit, vive la radio ?

Mise en ligne d’un fonds photographique

Lundi 24 novembre 2008

Une véritable référence du style photographique de la presse américaine du XXème siècle, enrichie d’une collection ancienne. Les archives du défunt LIFE Magazine sont diffusées par Google Images, à l’initiative de son actuel propriétaire, Time. LIFE photo archive


50 000 images à mettre au feu !

Vendredi 14 novembre 2008

Épisode 1

Madame « S » dirigeait le département multimédia de l’entreprise « T », à l’origine, fleuron de l’industrie militaire française. Treize salariés œuvraient à la communication photo, vidéo et … multimédia d’une entreprise de 50 000 salariés. Ce terme « multimédia » avait sûrement remplacé celui d’ »audiovisuel », qui lui-même avait en son temps détrôné celui de « photothèque ». J’ai rendu visite à cette dame il y a deux ans; elle semblait bien démoralisée, visiblement même dépressive, car le service était promis au démantèlement. Madame « S » venait d’être priée d’élaborer un plan social pour son équipe. À cet instant de l’histoire, l’envi de plaisanter disparaît. Le service était le dernier résident d’un siège récent ultramoderne. Curieusement, l’entreprise venait de décider de réintégrer son ancien immeuble. C’est donc un hall immense, pavé de marbre et orné de palmiers majestueux, mais couvert de poussières, que nous traversâmes pour rejoindre ses bureaux. Je passerai les détails, après quinze années d’activité, son incompréhension et la longue énumération des difficultés à vivre cette transition qui s’achèvera finalement par un essaimage. Voyons plus loin. Arguant des mérites de son service auprès de son supérieur hiérarchique, pour défendre son budget, Madame « S » avait réclamé des subsides pour optimiser la gestion de la photothèque. Vous comprenez, disait-elle à son interlocuteur, nous avons un fonds riche de 50 000 images. La réponse fut cinglante. Madame « S » s’est entendu dire que cela importait peu et que les 50 000 iraient bientôt « au feu ».

Une triste histoire que cet épisode pour rappeler combien les archives et la mémoire des entreprises sont fragiles. Mais sommes nous toujours convaincants dans la défense de nos compétences et des budgets nécessaires au développement de nos services photos ? Pensons-nous, au-delà de toute culture de photographe, de documentaliste et de passionné d’images à apporter la garantie nécessaire de « rentabilité » de la préservation et de la valorisation des fonds iconographiques ? Ces fonds sans cesse croissants, à n’y prendre garde ne deviennent-ils pas des hydres non maîtrisables, aux missions incertaines, pour des entreprises subissant dans leurs métiers des restructurations profondes?…

Épisode 2

Madame « S » m’avait communiqué les coordonnées téléphoniques de son supérieur, je le contactais donc un  mois plus tard. Sans mettre en avant des mots « suicidaires » du type « mémoire de l’entreprise », j’arrivais à échanger sur l’avenir de la photothèque et commençais à comprendre la vision d’un des directeurs adjoints de la communication d’une entreprise de plus de 50 000 salariés (tiens, une image par salarié!).

La chute est là, j’ai entendu mon interlocuteur me préciser qu’il travaillait au quotidien sur son PC avec 300 images, réparties dans des sous-dossiers et que finalement, il se demandait si cela n’était pas suffisant! Depuis, je m’interroge sur la pertinence de proposer l’entretien de fonds photographiques sans garantie de pérennité, fragilisé au gré des changements de responsables, des fusions et autres restructurations plus ou moins profondes. Contre ce genre de tempête, et tout en œuvrant pour la défense d’une certaine idée du patrimoine, ne devons nous pas au quotidien faire la promotion d’une gestion pragmatique de fonds à la volumétrie restreinte, de la portabilité des documents numériques, en adoptant des règles strictes de bonne gestion des métadonnées ?

Conseil en organisation des médias en entreprise

Culture WEB, 900 pages pour tous!

Jeudi 13 novembre 2008

Un ouvrage paru en mai 2008; le temps de l’acheter, de tourner autour et de démarrer la lecture… pour recommander cette somme. Un livre que devraient lire politiques, chefs d’entreprise – non seulement ceux des agences de communication, mais tous les responsables PME, PMI, CAC 40 ! – , journalistes et [certains] formateurs, cela ferait sans doute baisser le pourcentage de poncifs exprimés quotidiennement sur la réalité et l’évolution de l’économie du numérique (v. partie sup. du visuel). Culture Web est une sorte de boîte à outils pour comprendre ce nouveau monde et préparer notre avenir, que nous soyons actif ou passif, acteur ou consommateur -nous apprenons d’ailleurs que le second endosse le statut du premier-. Il nous offre une vision pluridisciplinaire avec un esprit ouvert, c’est un atout, avec beaucoup de chiffres, et cela c’est une faiblesse, le monde éclate, le temps d’imprimer et les chiffres sont autres (v. partie inf. du visuel); Flickr héberge dorénavant, non pas 500 000 documents, mais plus de 3 milliards.Collection DALLOZ GestionOuvrage publié sous la direction de Xavier Greffe et de Nathalie Sonnaclien

National Archives of Japan

Mardi 11 novembre 2008

Un site utilisant un imageur original en proposant un choix alternatif de standard d’image : jpg ou jpg2000.

La découverte d’un fonds d’archives anciennes est toujours envoutant.

lien

These photos show a cotton mill of silk thread, winery and brewery submitted by Kaitakushi (Hokkaido Development Office) to Grand Council of State in November, 1876.

Re : SITE : Flickr, site de partage de photos

Samedi 8 novembre 2008

Je ne crois pas qu’il faille dénigrer ces nouveaux acteurs. Ils sont là, émergeants, et ils proposent progressivement une partie des services jusqu’ici assurés par les professionnels. La chaîne traditionnelle s’en trouve bien sûr fragilisée. Nous, professionnels de l’image, photographes, documentalistes, iconographes, mais aussi développeurs, concepteurs ou fabricants sommes soumis à cette dure loi de la contraction des métiers et de la gratuité.Cependant, il nous faut voir la multitude, non pas comme une banalisation, mais comme un enrichissement sans précédent.Si nous sommes photographes, la confrontation de nos créations est inéluctable et il ne faut pas la craindre ou alors, c’est que nous sommes bien fragiles! Faire un distinguo entre amateurs et professionnels utilisant les mêmes outils va vite devenir problématique. Mais entre produire un visuel numérique et concevoir une image ? Qui apporte une réelle plus-value ? Il s’agit donc, dans un premier temps, de s’informer avant de manifester et de se battre non pas en relevant les pont-levis, mais en valorisant nos compétences. Sans doute, celles-ci doivent être réparties différemment. Les formations prendront en compte l’évolution du marché et de la demande. Ces mutations nous remettent en cause, mais elles apportent par ailleurs un extraordinaire potentiel de communication et de développement. Ce ne sont pas les plates-formes qui sont dangereuses – par exemple, elles communiquent mieux que certaines photothèques d’entreprise l’information sur les droits d’auteur – mais leur pouvoir d’addiction est terrible, et j’inclus les professionnels, puisque certaines entreprises commencent à utiliser ces services. J’évoque ici l’absence de gestion des métadonnées dans les fichiers (lire les analyses de Patrick Peccatte). Sorties de ce contexte, les images deviennent anonymes! Certains grands médias en ligne ou photothèques diffusent d’ailleurs toujours des images sans métadonnée! Il faut donc, non pas dénigrer, mais comprendre, tester, et intégrer ces offres dans notre compréhension de la nouvelle communauté de l’image; particulièrement en valorisant les tâches, c’est-à-dire des métiers, en amont et en aval de la diffusion-partage gratuite, comme la conception, la retouche, l’editing, l’indexation, et l’archivage…Les outils de gestion propriétaires sont peut-être condamnés, en revanche la valorisation des contenus est plus que d’actualité et les services vont donc se développer. En résumé, certains perdent leurs privilèges, d’autres devront développer de nouvelles expertises.

Rassemblement sur la passerelle des Arts à Paris lors de l’éclipse de 1999 ou « Chercher à voir », © Daniel Hennemand

daniel@hennemand.com

L’image et l’entreprise

Une expertise dans les métiers de l’image